Retour sur // Deuxième chantier collectif – Les Murs !

Bonjour à toutes et tous !

Voici enfin le rendu, après un mois de plein chantier à La Mérandière. Il s’agissait cette fois de monter les cloisons intérieures, en ossature bois et remplissage paille. Ces grosses cloisons nous permettent de séparer les différents espaces au sein du lieu, en trois tiers: le point de vente directe et associatif, le futur fournil, et l’habitat.

Ce chantier à été mené collectivement, nous commencerons donc par remercier toutes les personnes qui ont contribué à son succès: les différents Nico-s, Xav, Matthieu, Lorraine, Tama, Miguel, Romain, Barbara, Camille et Dimitri, Beubeu, Dodo, Bot et Tiffa, Seb, Eric, Delphine, Manu, Marion, Tim, Julie, Phil, Joel du Moulin, Raymond et l’Ecocentre du Périgord-Limousin, Gérard; ainsi que nos familles.

Après le travail de conception et de plans mené par Ivalou, nous avons pu lancer le chantier. Nous avons commencé par recevoir les matériaux, notamment les cent-quarante bottes de paille et quelques tonnes de terre ainsi que les montants de bois. Ensuite, le travail du bois commence: il faut débiter tous les montants aux bonnes dimensions, en déligner quelques unes puis assembler au sol les ossatures, avant de les lever à leur emplacement définitif. Elles seront reçues sur une lisse-basse en béton que nous avions coulé l’année dernière, et protégées des remontées capillaires par une bande d’arase – une feuille d’étanchéité qui fait la coupure avec le sol et empêche ainsi l’eau de remonter dans le bois.

Les différents montants ont tous été assemblés avec des pointes, au marteau. L’assemblage de l’ossature est une affaire de géométrie et d’équerrage, les angles devant être bons à chaque endroit. C’est le moment de remercier plus particulièrement Nico pour le suivi technique sur cette étape !

Une fois l’ossature montée et « calepinée » à la largeur des bottes, il faut attaquer le remplissage-paille. Une étape de force et d’un peu d’adresse, mais surtout de force… Les outils utilisés portent bien leurs noms, entre le « Persuadeur », les « Chausse-bottes » et la « Scie-croco ». Le milieu de la construction paille renvoi vite à un artisanat de la débrouille où les outils s’inventent selon les usages et les nécessités. Un esprit qu’ici nous aimons particulièrement !

L’espace change très rapidement, ce qui rend le travail satisfaisant à ce moment là: deux bottes empilées font un mètre carré de mur posé ! Les premières sont bien entendu les plus simples à mettre en place, l’affaire se corsant un peu plus à chaque étage…

Les bottes sont ainsi empilées horizontalement, ligne après ligne. Une fois une travée mise en place, nous effectuons une « saignée » dans les bottes, dans le sens de la longueur, afin de fixer des tasseaux de bois. Ces tasseaux ainsi pris dans les bottes et fixés sur les montants verticaux jouent un rôle d’anti-déversement, ce qui donne une bonne solidité d’ensemble au mur, une fois celui-ci achevé. En un sens, les bottes se retrouvent compressés verticalement et horizontalement: elles ne bougeront plus !

Une fois les bottes bien en place, il faut passer aux enduits terre. Nous devrons réaliser trois enduits successifs: la barbotine, une première couche d’accroche, ensuite l’enduit de corps qui vient tout lisser, de par son épaisseur, puis l’enduit de finition où l’on choisit teintes et pigments.

Cette partie du chantier n’est pas une chose facile et les matériaux que nous avons reçu ne nous ont pas arrangé… Nous avons utilisé de l’argile pure tout droit sortie de la carrière, mais celle-ci était gorgée d’eau, ce qui formait des blocs solides qu’il nous à fallu casser et émietter afin de pouvoir mélanger l’argile à l’eau. A cette étape, nous devons remercier Dodo pour les nombreux conseils et astuces qu’il nous à donné !
Le mélange argile / eau constitue la recette pour la barbotine, notre première couche d’enduit. Celle-ci va permettre de mettre la paille hors-feu, et de créer une couche d’accroche pour les enduits suivants.

Nous avons fait nos mélanges de grosses poubelles à l’aide d’un « malaxeur », comme un énorme fouet sur une grosse visseuse. La barbotine est ensuite appliquée à la main.
Chaque mètre carré de paille reçoit environ cinq litres de barbotine. Les matériaux durs à travailler, l’humidité et le froid de la période ont rendu ce chantier particulièrement difficile et fastidieux.

De fait, nous avons décidé de ne réaliser que cette première couche d’enduit pour ce chantier. Si celle-ci était nécessaire (pour mettre le tout hors-feu), les autres peuvent attendre des moments plus cléments. Il est d’ailleurs déconseillé de réaliser les enduits de corps en période de gel: ceux-ci, sous l’effet de gel, peuvent venir à se décrocher et tomber du mur… Ne préférant faire les choses qu’une fois, nous ferrons donc cette étape au printemps !

Nous avons cependant profité d’avoir ces outils et matériaux sous la main pour mener un chantier annexe: enduire tout une pièce en parpaings, qui sera la future cave de l’espace de vente. Cette pièce, pré-existante à l’achat, étant l’ancienne salle des moteurs, au moment où la scierie tournait à plein régime.

Pour ce faire, nous avons ici fait les deux couches: la barbotine, puis l’enduit de corps. L’espace étant plus petit et isolé du froid, cela pouvait s’envisager. L’enduit de corps demande un autre travail de confection que la barbotine: plus épais, il est constitué de barbotine ainsi que de paille hachée en « paillette », et de sable. Le tout est ensuite versé dans la bétonnière pour quelques tours !

Le parpaing réagit très bien à la barbotine, bien qu’il l’absorbe très rapidement. Aucun crépis n’a été nécessaire pour faciliter l’accroche. Un ravalement de façade assez simple et rapide, pour le coup ! Outre l’aspect esthétique, l’argile à des propriétés hydrofuges : il permet de réguler l’humidité, ce qui est appréciable pour cet espace !

Pour conclure avec quelques chiffres, ce sont environ quatre vingt mètres carrés de murs-paille que nous avons monté, sur un mois entier de chantier. Une trentaine de personnes ont été présentes, avec une moyenne de cinq personnes par jour. Nous avons utilisé environ cinq-cent kilos d’argile et 140 bottes de paille. L’eau se compte en plusieurs mètres cubes… Financièrement, ce chantier à couté environ 2500€.

Nous avons choisi des murs en paille pour différentes raisons: pour leur qualité d’isolation (à tous les niveaux); pour le fait que tous les matériaux que nous avons utilisés soient locaux (à 45 minutes de chez nous), bio-sourcés et paysans – ce qui s’intègre à la logique d’ensemble de la ferme; pour l’expérience que représente le fait de faire un tel chantier; pour un coût qui reste abordable.
Néanmoins, il est certain que ce type de construction demande du temps. Le chantier fût très fastidieux, fatiguant en raison des charges à porter, et très salissant, argile et paille partout dans le bâtiment. Le fait de le faire en intérieur était cependant un avantage certain. Nous le recommandons donc, mais il faut savoir dans quelle aventure on se lance !

Enfin, merci à Beubeu pour son oeil et ces belles photos !

Nous avons maintenant des cloisons intérieures, et avons pendant tout cela bien mangé, bien bu et bien rit – quand même !
Merci à toutes et tous pour ce beau travail !

A très vite,
Il reste d’autres enduits…

Alex pour La Mérandière